THEATRE A VOIR : « Nouveau roman » à la Colline

Je ne connais pas grand-chose au « nouveau roman » (mouvement littéraire des années 50 qui voulait renouveler le genre romanesque), sinon des noms cités par des média au cours du temps et rattrapés au vol par mes sens pour finir classé un peu n’importe comment dans ma mémoire : Sarraute (pas Claude, Nathalie), Robbe-Grillet, Claude Simon, Duras. Je n’écris que les noms car c’est souvent sans prénom qu’ils sont cités. Comme si, par essence, tout le monde savait de qui on parle : des « monuments », comme leurs alter-égos scéniques l’écrivent au début de spectacle.

J’ai lu Duras (« moins chiant que ces films » disait je sais plus qui). Une pièce, c’est tout. C’est dire que le sujet du spectacle du théâtre de la Colline m’était étranger. J’étais là pour voir et entendre.
J’en ai pris pour 3 heures. 3 heures ou l’on voit un, à peu près, groupe, une famille reconjugeée, essayer de se définir. 9 auteurs des années 50 en quête de personnalité. Beckett manque à l’appel, on l’attendra donc comme on attendait Godot.

Ensemble, ils forment le « nouveau roman ». Mais sont-ils vraiment ensemble ? Peut-on être avec quelqu’un quand on écrit ? Alors ils cherchent et l’on cherche avec eux. Leur mouvement n’est peut-être que la sonnerie de la cavalerie : plus impressionnante à entendre qu’à voir.

C’est passionnant parce que les ignorants comme moi apprennent des choses tout en prenant plaisir à voir des histoires universelles : celle des anciens et des modernes, l’aventure d’un groupe d’individus condamnés a se dépasser mutuellement, des individus avec leur histoire se faisant coincer dans l’Histoire. Pouvaient-ils encore écrire des fictions après la guerre ?
La mise en scène de Christophe Honoré part dans tous les sens: chanson, interview d’auteurs actuels, dialogue avec le public et personnages réduits à ce que l’histoire conserve d’eux. De l’humour aussi. Beaucoup. Sans doute trop pour les amoureux du mythe. Oui. Mais aussi : énergie, sens du plateau et doute de ces mêmes personnages, qui, un a un, nous révèlent une part de ce qui pourrait être leur vérité. C’est comme les pièces de différents puzzles qui, assemblés de force, feraient une nouvelle image.
« Tout est vrai mais je n’ai rien reconnu » a déclaré Catherine Robbe-Grillet (la veuve de Alain) après avoir vu la piece. Moi, je dirais, après la représentation d’hier, que, n’ayant rien connu, j’ai envie que cela soit vrai.
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